dimanche 19 octobre 2008

Congrès de Reims du PS (2/3)

Je milite pour la motion "un monde d'avance" du congrès 2008.

Depuis un quart de siècle, la gauche est placée dans une position défensive qui la prive de l'adhésion des citoyens. Pour remporter les victoires électorales dont la société a besoin, il lui faut prendre un monde d'avance.

Ce quart de siècle a été conduit sous l'emprise du théorème de Schmidt (Helmut) qui affirme que "les profits d'aujourdh'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain". Mais aujourd'hui, nous ne pouvons que constater que nous avons les profits, mais ni les investissements, ni les emplois.

Le monde est frappé par quatre crises majeures (financière, énergétique, alimentaire et environnementale) que les libéraux ne savent pas relever. Mais la gauche soumise à la domination de la social-démocratie promotrice du théorème de Schmidt (SPD) reste incapable de proposer une alternative qui mobilise le peuple.

Pourtant, la social-démocratie constitue bien une composante de la gauche qui s'oppose à l'idéologie libérale fondée sur la concurrence et la compétition entre les individus. La social-démocratie fonde bien la liberté et l'initiative sur la solidarité dans la société. En fait elle reste figée sur l'opposition à un totalitarisme qui n'existe plus et qui l'empêche de s'opposer aux racines des crises actuelles. Cette fixation l'empêche de s'allier avec ses partenaires naturels pour construire le monde de demain sur les valeurs qui la fondent.

Avoir un monde d'avance nécessite de s'opposer à la conduite libérale du monde d'aujoud'hui et de rassembler la gauche sur des propositions qui permettent de construire le monde de demain.

La motion C présentée au congrès de Reims rassemble les militants qui ont adhéré à des contributions qu'ils jugent capables
- d'alimenter l'opposition aux politiques libérales construites sur la compétition et
- de produire les propositions socialistes capables
- de rassembler toute la gauche pour porter un autre projet de société construit sur la fraternité.

Deux tiers des Français estiment que le PS n'est pas porteur d'un projet. Et le PS nourrit cette opinion avec les combats de chefs auxquels il est soumis. Le congrès de Reims doit rendre au PS la voix d'une oposition résolue à une droite réactionnaire, anachronique, libérale et atlantiste. La souffrance et l'angoisse qui se généralisent et produisent une si forte désespérence sociale l'exigent. Les mouvements sociaux et les mobilisations citoyennes sont le moteur de l'opposition, des propositions et du rassemblement que nous voulons construire.

La motion C fait neuf propositions pour clarifier la ligne politique du PS:
1 - Libérer la politique du dogme du libre échange et de la concurrence libre et non faussée qui empêche le rééquilibrage entre le marché et la puissance publique nécessaire à l'efficacité économique et à l'égalité sociale. La croissance est plus forte dans les périodes d'échanges équilibrés et la lutte contre la pauvreté dans le monde plus efficace avec la coopération.
2 - Etendre le champ du service public aux biens communs de l'humanité (eau, air, espaces naturels, etc.) et inventer de nouvelles formes de régulation et de production pour répondre à l'exigence écologique.
3 - Redistribuer les richesses pour lutter contre les inégalités
. en privilégiant le salaire comme reconnaissance de la valeur du travail,
. en étendant l'assiette de financement des retraites par répartition,
. en étendant à tous une protection sociale de haut niveau,
. en privilégiant l'action de la puissance publique en matière de logement et
. en renforçant la justice fiscale plutôt que la critique de l'impôt.
4 - Reconstituer les marges de manoeuvre par le retour de la puissance publique contre l'allègement de la fiscalité du capital qui favorise la rente financière contre l'investissement.
5 - Changer le cours de la construction européenne pour construire l'adhésion des peuples sur un projet progressiste porté par une gauche forte et volontariste (plus de coprésidence au parlement européen).
6 - Reconquérir la démocratie
. avec une République qui réhabilite la responsabilité politique et soit le miroir de la diversité de la société française et
. avec une démocratie sociale constuite sur des accords majoritaires respectant la hiérarchie des normes entre organisations dont la représentativité est basée sur les élections professionnelles.
7 - Faire progresser les droits et libertés
. en privilégiant la prévention et la justice plutôt que l'ordre,
. en valorisant l'immigration comme richesse et
. en luttant contre les discriminations.
8 - Renouer avec un projet d'émancipation par l'éducation et l'insertion, par la culture et les loisirs, par la laïcité.
9 - Jeter les bases d'une politique étrangère progressiste
. contribuant au renforcement des principes de responsabilité, de liberté et de solidarité au niveau international,
. chosissant le multilatéralisme plutôt que le choc des civilisations,
. combattant pour la mondialisation des droits par le développement et la coopération.

Si leurs choix sociétaux le rapprochent de la gauche, le centre fait bien des choix économique et sociaux de droite avec des solutions comme aide aux entreprises au détriment des salaires avec diminution des charges (qui constituent la majeure partie du salaire collectif) et baisse d'impôts, etc. Le congrès de Reims doit refuser l'aliance au centre sauf éventuellement situation particulière locale.

Le PS ne gagnera les élections qu'au sein d'une gauche rassemblée. Il n'a pas d'ennemi à gauche sauf à se maintenir dans un monde qui n'existe plus. Le parti communiste a renoncé à la dictature du prolétariat et au centralisme démocratique et la plupart de ses militants ont à peine connu le mur de Berlin avant sa destruction. Les verts ont abandonné le ni-gauche, ni-droite en reconnaissant que la rentabilité et le profit sont incompatibles avec les exigences écologiques. A gauche, nous pouvons engager une démarche créant les conditions de l'émergence d'un parti de la gauche contre une ligne sociale-libérale et une bipolarisation de la gauche entre un pôle réformiste et modéré orienté au centre et un pôle de radicalité.

Le nouveau parti socialiste que nous appelons de nos voeux est
- un parti de débat formant des militants efficaces, maîtrisant la discussion intellectuelle,
- un parti démocratique, pluraliste
- un parti à l'écoute du mouvement social.

La motion conduite par Benoît Hamon est celle qui propose le projet le plus proche de ce que j'ai envie de porter.

J'ai milité, en dehors du parti, pour le non au référendum sur la constitution européenne. Signataire de la contribution "Pour rassembler la gauche" d'Alain Vidalies, j'ai milité avec la motion "rassembler la gauche" conduite par Fabius. Et le débat s'est dissous pour une campagne présidentielle menée sous la pression de l'opinion vers la défaite de 2007. Après un parcours professionnel de rupture dans ma carrière, je me suis attaché à la préparation du congrès de Reims à partir de ce que j'ai dans la tête. Je sais que du point de vue des courants, je suis très infidèle. C'est probablement pour ça qu'avec près de vingt ans de militantisme, je n'ai aucune fonction ni mandat. Je suis fidèle à moi-même...

De droite comme de gauche, la France est républicaine et s'est construite contre l'ancien régime et le despotisme. La droite est fille de la révolution française considérant la liberté comme le moyen de la justice et de l'intérêt général. Mais cette vision conduit à l'échec. La gauche tient la liberté comme la finalité de la société solidaire qu'elle souhaite construire. Le révolution soviétique a produit une société confisquée par une minorité qui confondait l'intérêt général avec le sien. Le socialisme est né avant cette révolution et a produit le modèle social européen qui a fait les trente glorieuses. Il ne se dit pas radicalement antilibéral, puis la liberté est la fin de son projet. Mais il n'est pas libéral parce que son moyen est la solidarité.

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Congrès de Reims
1/3: contribution
2/3: motion
3/3: congrès