lundi 12 avril 2010

Les retraites

Après avoir décroché le niveau des pensions de celui des salaires (1987), après avoir réduit en cachette le niveau des pensions des nouveaux retraités du privé (1993) et reculé l'âge de liquidation dans le privé (1993), dans le public (2003) et pour les statuts spéciaux (2007), la droite veut reculer l'âge légal de départ à la retraite. Il s'agirait d'accompagner le mouvement d'allongement de la vie.

Dans le confort des durures de la République, les notables promoteurs de cette réforme ne voient pas l'absurdité de la chose. A la retraite, il continueront à se faire élire et cumuleront leurs indemnité avec leurs pensions, comme les patrons qui ajouteront leurs jetons de conseils d'administration à leur pension de sécurité sociale, leur complémentaire et leur surcomplémentaire. Ces situations ne sont pas la vraie vie.

La cessation d'activité moyenne précède déjà d'un an et demi la liquidation de retraite. Le départ moyen excède déjà de presqu'un an l'âge légal. En Allemagne, l'exemple de nos notables, les salariés n'attendent pas l'âge légal de la retraite pour la prendre et doivent vivre avec des pensions diminuées.

"Un actif devra financer deux retraites!" s'esclament nos "responsables?". Encore faut-il être actif employé pour pouvoir le faire. Or le jeunes ne trouvent un emploi que de plus en plus tard et les vieux sont jetés de plus en plus tôt. Repousser l'âge de la retraite c'est imposer plus de chomage aux vieux et compliquer l'entrée des jeunes dans l'emploi.

La réforme est présentée comme juste. Mais la pénibilité inégale des emplois ne peut laisser les actifs égaux devant la santé lors du commencement de la retraite. Il faut bien prendre en compte cette inégalité pour ne pas l'accentuer. Malgré les promesses, les négociations ouvertes en 2003 ont été sabotées par le Medef sous le couvert du gouvernement. Avec l'intensification de l'exploitation dû au management moderne, cette pénibilité s'étend.

Enfin, le système économique généralise l'empiètement de la vie active sur la vie familiale et sociale. Les réformateurs pensent faire le bonheur de l'humanité en allongeant la vie active proportionnellement à celle de la vie. Mais ils laissent pour perte et profit cet empiètementement.

Personne n'est dupe. Il s'agit en fait d'alimenter le marché des amis assureurs ou banquiers, de baisser la charge du travail pour les amis actionnaires et de les accompagner dans leur conduite totalement irresponsable. Malgré la crise et la baisse de 20% du résultat des entreprises du CAC40, les dividendes sont restés les mêmes prélevant cette année près des deux tiers de la valeur ajoutée.

La CGT fait les propositions les plus raisonnables:
- La part du PIB consacrée au financement doit être augmentée de 6 points.
- L'assiette des cotisations doit être étendue à tous les revenus salariés (10 milliards d'€).
- La politique de l'emploi doit être renouvelée, les exonérations de cotisation patronales (30 milliards d'€) doivent disparaître.
- Les cotisations patronales doivent être modulées suivant la contribution à l'emploi des secteurs et des entreprises.

Ces propositions restent dans le cadre du salaire différé et respecte l'histoire des professions. Il est possible de sortir de ces modèles et de mettre tout à plat. Ce n'est sûrement pas le gouvernement actuel qui peut le faire. D'ailleurs, il ne pourra qu'accoucher d'un simple rafistolage qui n'aura comme conséquence que de dégrader la situation des retraités et de mettre un peu plus d'insécurité dans les esprits. La situation financière des retraites n'en sortira certainement pas assainie.

Pour mener à bien la réforme sociale nécessaire, il faut mettre en oeuvre celle de la gouvernance des entreprises pour mettre les entreprises au service de la société et non au service exclusif des financeurs. On ne peut rien financer sans créer de la richesse, mais il faut supprimer l'accaparation de cette richesse par une minorité qui met en danger le système économique mondial.