vendredi 28 mai 2010

L'avenir des retraites avec Marcel Rogemont (2)

Marcel Rogemont, député de Rennes Nord-Ouest, a animé une soirée extrêmement intéressante et encourageante pour l'avenir. Avec son projet sur les retraites, le PS prend le parti des salariés.

Le système de la capitalisation est officiellement mort.

Une chose est gagnée en matière de retraites: plus personne ne milite pour un système de retraites par capitalisation. Les plus de 300 régimes de fonds de pension anglais ont perdu la partie contre les 38 régimes de retraites par répartition français. "Vive la crise" change de camp - revient Yves Montand!

Par contre, en détruisant le système actuel, la droite veut pousser les salariés qui en ont les moyens à grossir le marché de la capitalisation, revivifié en cachette.

Le système par points et sa variante notionnelle sont morts.

Tous les systèmes de retraite par répartition ne sont pas équivalents. Le système actuel de la sécurité sociale et celui de la fonction publique sont basés sur des droits définis selon la durée de cotisation. Ils permettent d'assurer la solidarité nécessaire, les grosses cotisations comblant le besoin de financement créé par l'insuffisance des cotisations des salaires insuffisants.

Les retraites complémentaires participent d'un système de retraite par répartition à droits individuels liés aux cotisations de l'individu. Là, les cotisations les plus basses sont insuffisantes à assurer des droits qui permettent de vivre correctement. Le système par points, dont la valeur est évaluée selon l'équilibre dépense-ressource du régime, n'assure aucune solidarité entre cotisants et nécessite une solidarité publique.

Dans une variante du système par points dite "en compte notionnel", les points constituent un véritable compte virtuel en €uro qui, pour calculer la pension, est divisé, lors du départ à la retraite, par le nombre d'années d'espérance de vie. Et la pension est corrigée avec un indicateur économique (activité économique en Suède, PIB en Italie). Avec la crise, les pensions suédoises ont baissé de 4,7% en 2009. l'Etat a dû intervenir. La régulation automatique est insuffisante. Là encore, l'Etat doit intervenir.

Finalement, seul le système de répartition selon des droits définis en fonction des annuités de cotisation permet la véritable solidarité entre les générations. Pour que cette solidarité soit pleine et entière, il faut revenir sur la réforme de 1987 et réinstaurer l'indexation des pensions sur les salaires.

L'âge légal du départ à la retraite

Quel impact va avoir le recul de l'âge de la retraite à 61, 62, 63 ou plus? Actuellement, l'âge moyen de départ à la retraite est de 61 ans. Avec un âge légal à 60 ans, les personnes qui ont commencé à travailler tôt sur les métiers les plus pénibles n'ont pu obtenir un départ plus précoce à cause du véritable sabotage effectué par le Medef dans les négociations prévues avec la réforme de 2003. Avec le recul de l'âge légal, la situation de ces personnes sera encore plus injuste.

Quand l'âge légal du départ à la retraite a été fixée à 60 ans, celui de la liquidation des restraites complémentaires est restée à 65 ans, les salariés pouvant tout de même la liquider à 60 ans grâce à un fond géré paritairement. Le Medef ne veut plus participer à ce fond à la fin 2010. De fait, l'âge de 65 ans sera restauré.

Le déplacement de l'âge légal de départ à la retraite ne permettra pas de résoudre durablement le problème du financement des retraites. C'est un repère légal de plus de notre système social qui est attaqué, comme les 35 heures. Tout ce qui organise la solidarité est visé.