mardi 31 août 2010

Plaidoyé pour le 7 septembre

Jean Mallot, député socialiste en charge du dossier des retraites à la commission des affaires sociales de l'assemblée nationale, est intervenu au sein de la commission fédérale entreprises du PS d'Ille-et-Vilaine pour présenter sa vision du dossier. Il a effectué une présentation parfaitement complémentaire de celle de Marcel Rogemont au printemps.

 Alors qu'il a créé 30 Md€ par an de déficit sur les retraites avec sa loi sur la sécurité sociale fin 2009, le gouvernement veut repousser à 62 ans l'âge légal où l'on peut prendre sa retraite et à 67 ans l'âge où l'on peut la prendre à taux plein sans condition de cotisation.

Pour argumenter son projet, le gouvernement s'appuie sur le rapport du COR* qui n'a fait que projeter le déficit créé fin 2009 à l'horizon 2050.
Mais pour couvrir les milliards à trouver pour combler le déficit, le projet du gouvernement ne dégage que quelques centaines de millions sur le dos des salariés (deux ans de pension économisés).

Pour rendre présentable son projet, le gouvernement s'appuie sur le fait incontestable de l'allongement de la durée de la vie. Il faudrait affecter une partie de cet allongement au travail.
Mais d'une part, le système économique est incapable de fournir les emplois nécessaires à ceux qui ne pourront plus partir en retraite et d'autre part, la réforme de 2003 a déjà allongé la durée des carrières nécessaires de dix trimestres, soit deux ans et demi.

Xavier Bertrand soi-même déclarait en 2008 qu'il n'était pas question de toucher à l'âge légal de départ à la retraite à cause de l'impact sur le niveau des pensions. Le prochain rendez-vous sur les retraites était prévu en 2012.

Comme pour les 35 heures contournées par la défiscalisation et l'exonération de charges sur les heures supplémentaires, comme l'ISF contourné par le bouclier fiscal, la stratégie de la droite évitait l'action frontale pour remplir sa mission en faveur du capital.

Mais la crise financière a imposé un soutien public qui a créé d'énormes déficits publics que les agences de notation analysent comme un risque pour les financeurs. Elles exigent des gages sous peine de baisse de notation. Le projet du gouvernement constitue la réponse du gouvernement à ce chantage en écornant les privilèges des revenus du capital au détriment de ceux du travail.
Un euro de revenu du capital est beaucoup moins taxé qu'un euro de revenu du travail. Avec quel bénéfice pour la société?

Au début des années 1980, la masse salariale représentait plus de 75% du PIB et l'âge légal de départ à la retraite a été fixé à 60 ans. Mais le théorème de Schmidt (Helmut) s'est imposé aux esprits: "Les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'amprès-demain". Trente ans après, nous avons eu ni investissement, ni emplois. Mais la masse salariale perdue (plus de dix points) a bien alimenté des profits qui ont été gaspillés sur les tables du casino des marchés financiers.

Aujourd'hui, près de 90% des actifs (les salariés) touchent autour de 65% des richesses créées et subissent une taxation plus lourde que les 10% (les capitalés) qui vivent sur 45% de ces richesses. Le système social construit sur les salaries ne peut plus être financé.
Chaque euro de revenu, qu'il vienne du capital ou du travail, doit contribuer à la protection sociale de tous et aux charges de l'Etat.

La réforme accentue ce dysfonctionnement qui asphyxie l'économie, détruit le tissus industriel du pays, dégrade les conditions de vie de la population, assèche les finances des collectivités locales et insulte la devise de la République.

L'agression des privilégiés est si forte qu'il n'est plus nécessaire de vouloir transformer la société pour agir. Il suffit de simplement protéger la société.
Il faut donc contribuer à un fort mouvement social le 7 septembre pour accompagner le travail parlementaire engagé ce jour-là.

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* Conseil d'orientation des retraites