jeudi 28 octobre 2010

Le mouvement social

La socialisation du salaire (dans la sécurité sociale et la qualification) réalisée par nos parents a peu à peu été privatisée par nos grands frères. En toute bonne fois, nous avons cru qu'il fallait augmenter les profits pour réaliser les investissements et créer les emplois nécessaires. Nous voyons aujourd'hui combien nous nous sommes trompés.
Après trente ans de chômage, de précarité et de rémunération individuelle, il faut dépenser des impôts pour sauver les banques mises en faillites par ceux qui gaspillent les profits; il faut économiser sur la santé; il faut faire payer les victimes de longues maladies; il faut allonger les durées de cotisations et repousser l'âge légal de la retraite; il faut substituer la solidarité familiale à la solidarité sociale pour les jeunes qui ne trouvent pas de travail et pour les vieux qui n'ont pas les pensions suffisantes.

Nous avons grandi sous la guerre froide entre les systèmes capitalistes et communistes. Plus sympathique que l'autre, un seul nous est resté il y a vingt ans. Mais libéré de son concurrent, il apparaît sous son vrai jour: il conduit l'Homme à la guerre généralisée.

Les trente dernières années montrent combien le profit confié aux détenteurs du capital peut être néfaste pour le système économique. Plus la capitalisation est importante, plus elle fait courir des risques au système; plus les salariés doivent assumer de dettes, les leurs, celles de leurs employeur, celles de l'Etat et des organismes sociaux, etc.

D'où sortent ces dettes?
Pour produire plus de profits, les entreprises ont licencié, individualisé les salaires, conditionné les augmentations de salaires, sous-traité du travail, mis en concurrence leurs sous-traitants, etc.
Pour accompagner ce mouvement de hausse des profits, l'Etat a exonéré de charges sociales les entreprises, imposant aux organismes sociaux de recourir au crédit.
Pour baisser le niveau des salaires débutants, l'Etat a inventé les emplois jeunes et invente aujourd'hui les emplois vieux (séniors). Là encore, des exonérations alimentent la demande de crédits des organismes sociaux, mais aussi les défauts de recettes de l'Etat.
Pour combler l'insuffisance de leur salaire, la plupart des gens se sont mis à utiliser des crédits pour couvrir des dépenses de fonctionnement ou des trous de trésorerie.
Pour employer les disponibilités exorbitantes de la finance, les banques se sont mises à acheter des dettes immobilières irrécupérables. Non seulement la crise induite entraîne une récession, mais les Etats sont forcés d'apporter leur secours pour leur éviter la faillite, secours qui alimente la dette publique que les agences de notation exigent voir réduites, imposant des politiques d'austérité contre le dynamisme de l'économie.

La réforme des retraites n'est qu'un des axes de LA REFORME: marchandiser les prestations sociales par l'individualisation (on n'obtient que ce qu'on a donné), l'épargne et l'assurance (les organismes sociaux disparaissent au profit des institutions financières) et limiter l'action publique aux exclus.

L'argument de l'allongement de la vie est aussi bête que celui qui aurait prédit la famine au début du 20ème siècle en se basant sur les prévisions d'exode rural. Le Français l'ont bien compris. Dans toute l'Europe des citoyens se mettent en mouvement. Comme toujours en temps blocages de la société, le temps du global est venu pour le mouvement social.

En premier lieu, la boussole. Il faut revenir à ce qui a marché et produit trente années de développement, à savoir un salaire socialisé rémunérant la qualification à la place des "rétributions équitables de l'engagement de tous et de chacun", une couverture salariale en dehors du travail subordonné.

En deuxième lieu, la préparation du terrain. Il faut revenir à l'autonomie de l'entreprise et supprimer le statut de propriétaire à celui qui apporte les finances. L'entreprise doit être une personne morale indépendante dont les partie-prenantes (financeurs, salariés) assument collectivement le gouvernement et la responsabilité directement ou en représentation (syndicats, associations d'investisseurs).

En troisième lieu, l'étendue du terrain. Il faut porter le mouvement sur toute la terre. La vision pertinente aujourd'hui est universelle.

Le mouvement démarre aujourd'hui, dans la rue, en France et dans beaucoup d'endroits sur terre. La nature du mouvement a changé. Toute la gauche et les syndicats de salariés sont interpellés.