dimanche 20 février 2011

Se réapproprier l'entreprise

La fondation Jean Jaurès a publié un essai sur l'entreprise et la démocratie sociale. Cet essai fait un diagnostic et des propositions:
- le diagnostic sur l'état de l'entreprise est intéressant, mais oublie les responsabilités de la gauche dans la situation présente,
- les propositions ne touchent pas au sacro-saint droit de propriété.
J'ai pourtant perçu dans cette nouvelle approche proposée par Jean-Louis Bianco, Charles Fiterman, Philippe-Michel Thibault et Michel Yahiel, une volonté de mise à plat qui constitue la base d'un débat nécessaire à gauche.

Entreprise et démocratie sociale
Pour une nouvelle approche
Les auteurs construisent leur essai à partir d'un état des lieux marqué par les mutations du capitalisme dues au développement de l'informatique et des technologies de l'information et à l'apparition de nouvelles structurations des lieux et des modes de production.

Ils mettent le bouleversement subi par les structures de l'entreprise et le développement de l'externalisation et de la sous-traitance sur le compte de l'hégémonie de l'idéologie libérale, des restructurations, des OPA, des redéploiements mondiaux, d'une mobilité de l'actionnariat allant jusqu'à la volatilité.

Cette évolution a produit une dégradation des conditions de travail et des relations humaines dans l'entreprise qui vont jusqu'à conduire certain salariés au suicide. "L'action syndicale est souvent réprimée de façon directe ou insidieuse, les salariés poussés à l'autocensure syndicale." Les nouvelles méthodes de management visent à culpabiliser "les mauvais", à les condamner à végéter ou à les exclure. "La contradiction entre leurs valeurs et la façon dont [les salariés] exercent leur activité les rend malades." Et cette situation n'épargne pas l'administration et les entreprises publiques. Dans les petites et moyennes, le stress n'épargne pas les dirigeants. Et une ligne de partage s'est installée entre les salariés qui disposent d'une emploi et ceux qui n'en disposent pas.

L'entreprise elle-même est fragilisée, éclatée, sacrifiée par des stratégies patrimoniales qui jouent avec les pressions de rentabilité financière. Les lois Auroux sont vidées de leur substance. Comptant sur l'isolement et le manque de compétences locales en matière de négociation, le patronat pousse les négociations d'entreprise au détriment de celles de plus haut-niveau, de branches ou interprofessionnelles.

L'essai s'achève sur 16 propositions définissant quatre champs:
- les missions et structures générales de l'entreprise,
- les droits syndicaux et le dialogue social,
- les institutions représentatives du personnel,
- les droits des travailleurs et les rapports humains.

Les auteurs offrent leur analyse et leurs propositions à la réflexion et au débat. Leur démarche est fondée sur la conviction que la démocratie sociale est une composante nécessaire pour sortir de la crise répondant aux attentes d'un travail synonyme de créativité, de sécurité, de juste reconnaissance de l'effort accompli, de progrès pour eux et pour leurs enfants.