dimanche 22 mai 2011

PS - projet 2012

Les militants du PS ont voté le projet proposé par la direction du parti. Comme beaucoup d'entre eux, j'ai participé aux débats et présenté deux amendements. La section de Cesson-Sévigné a voté ces deux amendements, mais la convention fédérale a décidé de ne pas présenté le premier.
Le débat militant local a eu lieu à Acigné lors d'une réunion des deux sections du canton. Le premier amendement que j'ai proposé a été très bien reçu. Cela m'encourage à poursuivre le travail pour bien repositionner le diagnostic sur lequel est bâti le projet. Les problèmes d'aujourd'hui ne proviennent pas entièrement de la politique menée depuis 2002 par la droite, mais de la politique menée depuis le milieu des années 1980 par tous les gouvernements de gauche comme de droite et fondée sur l'erreur de Schmidt: les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain.

Le projet qui doit porter la candidature socialiste à la présidentielle de 2012 est un projet de repositionnement à la suite de trois gros échecs : candidature Jospin construite sur un projet « non socialiste », appel à voter « oui » au traité constitutionnel européen, candidature Royal construite sur l’opinion publique.

Ce repositionnement ne vise pas la transformation de la société souhaitée par la majorité des gens de gauche, mais devrait constituer une rupture motivante avec la décadence Sarkozyenne d’une séquence politique commencée bien avant 2002 contrairement à ce qu’affirment l’introduction et le corps du document.

Je vote et soutiens le projet des socialistes, mais je souhaite souligner que le parti ne reconnaît pas une erreur commise par toute la gauche, mais qu’il doit reconnaître sous peine d’en faire une faute dévastatrice. Cette reconnaissance doit être transposée pour constituer, à court terme, une nouvelle rédaction du point 3.1 du document et à long terme, le socle de la transformation de la société voulue par le peuple de gauche pour le bien commun.

Après trois décennies de croissance économique et d’ascension sociale pour tous, la crise du premier choc pétrolier a fait douter la gauche qui s’est demandé si Helmut Schmidt n’avait pas raison d’affirmer : « Les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain. » Et le parti socialiste arrivé au pouvoir présidentiel a succombé à ce doute et mis en œuvre une politique de baisse des salaires et de créativité financière qui ont détourné les profits de l’investissement jusqu’à produire l’énorme crise financière dont on ne se remet pas.

La droite a préparé cette révolution plusieurs années avant de placer Reagan aux Etats-Unis et Thatcher au Royaume-Uni et su recruter la social-démocratie européenne dans sa folie dérégulatrice. Avec la chute du communisme, la fin de l’histoire, la pensée unique, le conformisme économique des intégrismes religieux qui se développent sur la pauvreté, l’émergence de puissances nouvelles qui construisent des empires financiers en maintenant leurs populations dans un état de sous-développement intolérable, la destruction des sociétés africaines par les organisations financières internationales, etc. le monde entier ne peut échapper au malheur. La terre elle-même commence à souffrir de cette activité non contrôlée des Hommes.

Extrait du rapport Cotis
Après trente années de libéralisation des profits, il est évident que la gauche ne peut plus douter. Elle peut maintenant affirmer que « les salaires d’aujourd’hui sont les marchés de demain et les emplois d’après-demain. »  La gauche peut maintenant retrouver l’esprit de Philadelphie et remettre à jour le programme du Conseil National de le Résistance.

Le 20ème siècle n’a pas su réaliser l’achèvement de la révolution française, il s’est perdu dans des délires racistes ou totalitaires liés au triomphe des nationalités. Mais l’humanité est traversée des mêmes rêves de justice, d’égalité et de bonheur que la France de 1789. L’année 2011 s’est éveillée sur les révolutions arabes, mouvements que l’on craignait religieux, mais qui sont entièrement sociaux, donc démocratiques – c’est la justice sociale qui crée la démocratie et non la liberté comme le pensent les libéraux qui la voient surtout économique ; on voit bien comment la pauvreté pousse au FN.

Aujourd’hui, rester dans l’erreur Schmidtienne devient une faute. Les profits sont nécessaires, mais doivent être socialement contrôlés. Le capital est devenu trop lourd à porter par les entreprises : la distribution de plus de dividendes que de résultat à France Telecom par exemple met clairement l’entreprise en danger. Le capital coûte trop cher : dividendes comme intérêts bancaires.

La crise actuelle ne prend pas sa source en 2002, mais en 1975 quand la social-démocratie a entraîné la gauche et l’opinion dans l’erreur de croire qu’il suffisait d’augmenter les profits des entreprises pour obtenir investissements et emplois.

Il faut aussi élargir les marchés et diminuer les crédits grâce aux salaires en luttant contre l’individualisation des salaires et l’exclusion au profit de la rémunération des qualifications et de la sécurisation des statuts, en restituant les salaires collectifs volés par exonération de charge aux organismes sociaux.

Dans le projet, il ne s’agit pas de montrer la bonté du parti envers le peuple, mais de faire des propositions efficaces à résoudre les problèmes.

Amendement n°1-a portant sur l'introduction 3.1 page 12
A la place de: "Depuis 2002, les dirigeants du CAC 40 ont vu leurs salaires augmenter de + 400 % quand les salaires du secteur privé n’ont augmenté en moyenne que de + 3,5 %. De tels écarts de rémunération sont aussi injustifiables qu’intolérables."
Ecrire: "Depuis un quart de siècle, les profits, augmentés au détriment des salaires, ont été confiés à des intérêts privés qui les ont joués de plus en plus en dehors de l’économie réelle grâce à une technologie financière devenue folle."

Amendement n°1-b portant sur le paragraphe 3.1.1 page 12
A la place de: "Depuis 2002, les dirigeants du CAC 40 ont vu leurs salaires augmenter de + 400 % quand les salaires du secteur privé n’ont augmenté en moyenne que de + 3,5 %. De tels écarts de rémunération sont aussi injustifiables qu’intolérables.

Pour la gauche, l’augmentation des salaires est une condition de la justice et de la croissance. Elle suppose un changement de méthode par rapport à la pratique actuelle : une conférence salariale annuelle sera organisée. Dans un dialogue tripartite (État, organisations syndicales, organisations patronales) et à partir d’un diagnostic de la situation économique du pays, les partenaires sociaux établiront un cadre général d’évolution des salaires ayant vocation à orienter les discussions dans les branches professionnelles et les entreprises. Cette conférence devra notamment contribuer au rééquilibrage de la part des salaires dans la valeur ajoutée.

Le Smic constitue un levier à court terme pour améliorer les conditions de vie des plus modestes et stimuler la consommation. La revalorisation de son pouvoir d’achat sera engagée après des années d’abandon par la droite."
Ecrire: "Condition de justice sociale et d’efficacité économique, l’augmentation des salaires est la mission principale de la conférence salariale annuelle tripartite (État, organisations syndicales et organisations patronales) qui sera mise en place. Cette augmentation des salaires devra :
- s’appuyer sur le SMIC comme salaire de base sans qualification et comme curseur légal de revalorisation des salaires,
- s’appuyer sur une architecture hiérarchique favorisant la qualification, objectif de justice vis à vis de l’effort individuel fourni dans sa formation initiale et tout au long de sa vie.

Cette conférence devra s’assurer de la réalisation concrète de ses décisions en s’appuyant sur les actions suivantes :
- simplifier l’organisation en branches professionnelles,
- orienter les négociations dans les branches professionnelles et des entreprises,
- réformer la démocratie sociale pour favoriser l’intervention des salariés dans l’entreprise,
- réformer la représentativité des organisations patronales en y intégrant le patronat de l’économie sociale et solidaire,
- revenir sur les exonérations de charges sociales, véritables hold-up sur la part collective des salaires,
- lutter contre la sous-traitance en volume et en niveaux surtout dont le nombre favorise l’opacité des pratiques,
- lutter contre le développement des contrats à durée déterminée et de l’intérim."

Tout en regrettant de ne pas voir la fédération défendre un inventaire courageux, j'apprécie qu'elle remonte les amendements comme motion n° 1 à la convention nationale.