mardi 7 août 2012

Refuser le traité européen

Après l'esquive de l'abstention pour faire passer le traité de Lisbonne en 2008 dans l'opposition sous le quinquennat Sarkozy, le Président Hollande propose au Parlement de voter le traité européen en le colorant de l'ombre d'un pacte de croissance de 120 Md€ et d'avancées sur la taxation des transactions financières.
Le front de gauche demande un référendum et la gauche du PS refuse ce traité. Mais le Président s'est engagé auprès de Merckel et aimerait éviter le débat constitutionnel.

Voilà une décision qui engage fortement le pays et serait prise sans débat? Le peuple ne peut que refuser ce traité s'il était appelé à se prononcer par référendum? Et cela justifierait que l'on ne face pas appel à lui? Le peuple ne sait pas ce qu'il fait?

Ce traité s'est imposé pour résoudre une crise qui n'est pas le fruit des éléments que le traité européen choisit de maîtriser. Cette crise est le produit des quarante dernières années:
  • asservissement des entreprises au profit des sociétés  d'actionnaires - précarité et rémunérations exorbitantes des dirigeants, gouvernance par la création de valeur;
  • destruction du travail - baisse et individualisation des salaires, licenciements, externalisation du travail, précarisation des statuts, intensification au risque de la santé des travailleurs;
  • politique de l'emploi - exonérations des cotisations patronales (sur la moitié des salaires versés), laxisme dans le contrôle et la régulation de l'usage des contrats de travail dérogatoires qui deviennent majoritaires;
  • aliénation financière de l'Etat - obligation pour l'Etat de se financer auprès du système bancaire au "taux du marché" (loi Pompidou de 1973);
  • privatisation des profits et collectivisation des pertes - télécommunications (C'est la privatisation qui a dynamisé le secteur ou c'est la dynamique du secteur qui a favoriser la privatisation? Qu'en est-il des finances publiques suppléant au déficit d'investissement des opérateurs dans le réseau?), électricité, transports ferroviaires et routiers, eau, etc.;
  • gaspillage de l'épargne - opérations financières douteuses qui captent l'épargne dans des bulles financières finissant toujours par éclater;
  • etc.
Le pacte de croissance ne consiste pas à financer des projets, mais à assurer le remboursement des crédits faits par les banques au taux du marché. Le "sauvetage" des pays ne consiste pas à les sortir de l'ornière dans laquelle ils sont, mais à garantir le remboursement des prêts aux banques au taux usuraire qu'elles définissent selon un risque que les Etats doivent assumer.

Le traité européen est la première épreuve que doit relever la gauche pour montrer le sens du pouvoir qu'elle a obtenu par la volonté des électeurs. L’accepter serait manifester notre renoncement à changer le monde.