jeudi 17 janvier 2013

Accord emploi: inacceptable

Pour les électeurs qui ont appelé François Hollande à la présidence de la République et lui ont donné la majorité qu'il souhaitait à l'Assemblée nationale, le dénigrement n'est pas supportable. Mais le Président s'est engagé sur le changement et les députés ont été élus pour le conduire. Les militants ont leur mot à dire sur chaque déclinaison de ce changement. L'accord emploi présente un bénéfice évident pour le pouvoir à réussir ce que n'a pas su faire son prédécesseur. C'est une catastrophe pour les droits des salariés.

Cet accord concerne tous les salariés et prétend mettre en place ce dont le Medef a toujours rêvé et qu'il n'avait jamais réussi à imposer, nous dit la CGT: le tract. La confédération syndicale propose le nouveau statut du travail salarié qui embarque une sécurité sociale professionnelle. Bien loin de se figer dans l'immobilisme, la CGT milite pour la mise en place de dispositifs qui permettent à chacun de conduire son parcours professionnel sans mettre en danger sa vie et celle de sa famille.

Le modèle de l'entreprise sur lequel s'appuie cette proposition est pensé comme une action collective créatrice. La finalité de l'entreprise est sociale. L'Etat et les collectivités locales fournissent un environnement riche en services collectifs (éducation, recherche, locaux, transports, réseaux, accompagnements divers, etc.). La protection sociale assure une médecine de qualité, une protection contre le chômage, une retraite favorable au pouvoir d'achat, donc à la consommation. L'entreprise bénéficie de cet environnement. La richesse qu'elle crée contribue à financer cet environnement par ses cotisations sociales et fiscales.

A l'opposé, le Medef défend un modèle réduit de l'entreprise qui exclut les salariés (voir Refonder l'entreprise). Le manque de compétitivité, pour le Medef, n'est qu'une affaire de coût de l'emploi. Cette vision a été vulgarisée par Helmut Schmidt: "Les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain.". La social-démocratie française l'a acceptée dans les années 1980. En validant cet accord emploi, elle conforterait une erreur: en une trentaine d'année, toujours plus d'exonérations de cotisations sociales et d'aides directes de l'Etat ont augmenté les profits, mais n'ont pas fait évoluer les investissements ni l'emploi.

Le débat à l'Assemblée nationale ne doit pas ignorer la critique, les députés de gauche doivent écouter la majorité des salariés, l'accord n'étant signé que par trois syndicats qui ne représentent pas la majorité des salariés, deux étant même susceptibles de ne pas être représentatifs à la fin du printemps.