vendredi 4 mai 2012

Le nouveau paysage politique

La présidentielle 2012 semble être le point de départ d'une recomposition du paysage politique: l'UMP est aspirée par l'extrême droite par la course de Sarkozy après les voix Le Pen, le centre de Bayrou s'ouvre au dialogue avec les socialistes, le Front de gauche contribue à la victoire obtenue par Hollande avec le parti socialiste. 

Malgré la bonne campagne de Jean-Luc Mélenchon, malgré la dénonciation de François Bayrou et les efforts d’Éva Joly, le modèle dominant du débat politique en France structuré par l'opposition entre les deux partis majoritaires - l'UMP qui parle au nom de la droite et le PS au nom de la gauche - a emporté l'adhésion des électeurs. Mélenchon a souffert du vote utile pour Hollande comme Bayrou avec les nombreux centristes qui ont préféré assurer leur credo libéral en dépit du mouvement de Sarkozy vers l'extrême droite.

Le résultat du premier tour de la présidentielle 2012
Avec sa décision de voter Hollande, Bayrou casse sa position centrale. Il se met en périphérie de la gauche, mais exclut sa droite du débat démocratique de la République.

Son discours consistait à se présenter comme l'ouverture de l'équilibre entre une droite et une gauche aventureuse objectivement complices à maintenir une vie démocratique belliqueuse. Démocrate chrétien libéral que la social-démocratie repousse, Bayrou ne suit pas le mouvement du reste de la droite engagé par Sarkozy vers l'extrême droite: "Nicolas Sarkozy, après un bon score de premier tour, s’est livré à une course-poursuite à l’extrême droite dans laquelle nous ne retrouvons pas nos valeurs, dans laquelle ce que nous croyons de plus profond et de plus précieux est bousculé et nié dans son principe."

La marginalisation de la droite due à l'échec de Sarkozy et surtout à la stratégie qu'il lui a imposée va priver Bayrou de sa position centrale. Le débat est maintenant ouvert à gauche entre:
A - les organisations qui souhaitent poursuivre la politique de consolidation des profits (exonérations de charges, diminution du nombre de fonctionnaires, politique économique locale développée par les collectivités socialistes, etc.) pour alimenter les investissements susceptibles de produire du plein emploi et
B - les organisations qui souhaitent alimenter les revenus nécessaires à l'augmentation de la demande pour alimenter l'activité économique susceptible de produire du plein emploi.

Bayrou a fait un mouvement d'unité nationale qu'il pense nécessaire pour absorber la crise inéluctable selon lui. Il parie sur l'échec économique de François Hollande et veut construire une opposition constructive. En cas d'absence d'approfondissement de la crise, il perdra son pari. Au PS et dans le débat ouvert à gauche, il s'agit maintenant de mobiliser les salariés à la maîtrise de l'économie.